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LES CHUTES VIEUX BROUSSARD.

    J’ai eu connaissance de l’existence de ces cascades par un pilote d’avion St Laurentais. Deux amis fonctionnaires de Police et moi-même décidons d’en tenter la première liaison pédestre connue. Aprés quelques difficultés pour se procurer des cartes, (L’ONF, ce gestionnaire de la forêt guyanaise, n’en aurait pas...) la liaison est décidée pour les 27, 28 et 29 Août 1994. En sus du seul but de reconnaissance vient se greffer une expérience de pêche à l’aymara, poisson quasi-fossile. Ces lieux inviolés doivent regorger d’énormes poissons... Il est décidé de partir de l’Auberge de Jacky Kleinholtz du Camp Voltaire et de passer par les chutes du même nom. Faute de carte précise, leur position a été estimée à 2 Km Sud de l’Auberge.

        Le matin du 27 Août nous voit chargés de 20 Kg de matériel chacun et quitter au cap 223 grades la Chute Voltaire que nous avons mal positionnée sur le plan. En réalité, elle est à moins d’un Km de la piste, le layon d’accès long de plus de 3 Km se contentant de suivre la crique sinueuse... Nous nous retrouvons ainsi à plus de mille mètres trop à l’Est, sur un autre bassin versant et avançant avec difficulté dans des zones parfois très encombrées et au relief tourmenté. A 15 h 30, après 8 heures de marche et d’ouverture d’un layon sommaire, nous partons sur une perpendiculaire et retrouvons 2 heures plus tard la crique Voltaire où nous établissons un camp de base sommaire. De notre position, nous entendons par intermittence un bruit de chutes. La fatigue accumulée est forte mais nous savons que nous touchons au but.    
    Le lendemain 28 08 1994, après avoir fait un point topo, nous partons tôt et en moins de 2 heures arrivons à un petit saut de 2,5 mètres de dénivelé. Sur une roche, de petites cavités ressemblant à des polissoirs. Nous appelons cette chute « Saut Maria ». A la mouche, Philippe y capture un petit aymara.
            A partir de ce saut, la végétation devient basse, rabougrie et le sol est encombré d’ananas sauvages. La dalle de granite aBouillon et verdureffleure et le terrain est très pauvre. Ceci n’est pas sans répercutions sur la forêt et donc sur la faune qui se fait plus rare. Plus haut, et à moins de 200 mètres du « Saut Maria », au détour d’une boucle, nous en découvrons un autre légèrement plus important, présentant un bassin d’une cinquantaine de mètres de diamètre. Nous le baptisons « Saut Philippe », ce dernier y ayant attrapé, toujours à la mouche, une belle pièce. L’étude de la carte en notre possession, quoique imprécise, laisse supposer l’existence d’un dénivelé de 80 mètres environ, ce qui laisse supposer l’existence d’autres chutes de plus grande importance. Nous continuons d’avancer sur un demi kilomètre environ en longeant une sorte de cañon granitique dans lequel coule une eau d’un bleu glacier. Le fond de la crique est une dalle rocheuse lisse n’offrant aucun abri à une rare faune aquatique. Il n’y a pas d’aymara! Nous resterons très déçus par la grande pauvreté de la région en poissons. Arrivés à un virage en épingle, nous nous heurtons à une paroi et traversons la crique sur un tronc. Ce que nous distinguons à travers les arbres ressemble à une montagne couverte de neige. Nous tombons sur un magnifique petit lac à l’eau très claire dominé par une chute d’un beau dénivelé. C’est le « Saut Joël » plus important que la Chute Voltaire et beaucoup plus aéré. L’eau y court sur une paroi de granit lisse que nous escaladons.
    Immédiatement, nous nous trouvons prés d’un bassin encore plus vaste, dominé par une splendide chute à l’eau bouillonnante: Le « Saut Bernard »... Attention! L’endroit est magnifique mais très dangereux! Les roches sont glissantes. En bas du saut, un remous invite à la baignade mais se révèle être un fort et redoutable siphon de plus de cinq mètres de profondeur, aux parois lisses n’offrant aucune prise. Lors d’une autre promenade, ma chienne y perdra la vie.

Attention ! Certains bassins invitent à la baignade, mais présentent des siphons très dangereux ! Deux frères jumeaux y prériront.

    P1020455Plus haut, sur une sorte de petit plateau rocheux, le lit de la rivière présente de nombreuses marmites parfois relativement profondes. Au dessus, après avoir franchi quelques petits remous, nous tomberons sur une série de trois chutes importantes: Le « Saut Laurent ». Le site regroupe sur une distance d’un kilomètre environ une série de 7 chutes. A l’ouest, une montagne au sommet partiellement dénudé et de 180 mètres de dénivelé domine toute la région.

Comment s’y rendre ?
    
    L’endroit n’est pas aménagé. Partir léger. Actuellement, le layon d’accès n’est pas suffisamment bien matérialisé pour permettre de s’y rendre en toute sécurité. De plus, beaucoup de personnes ont tenté la liaison et ont tracé de multiples layons, transformant celui d’origine en labyrinthe. Dans tous les cas, compte tenu de la distance et du relief, la visite de ce site éloigné sera réservée à des personnes en excellente condition physique, aptes à un effort soutenu et ayant une connaissance minimum de la forêt guyanaise. Le profil du visiteur type sera différent des amateurs des chutes Voltaire. Il est donc très fortement déconseillé de tenter l’aventure, porteur d’une glacière, par exemple... Et tant mieux pour la propreté des lieux! (Le « succès » de la promenade « écologique » et dominicale des chutes Voltaire se mesurant à l’épaisseur des tas de détritus...) D’autre part, la distance et la pauvreté des lieux en poisson et gibier ne militent pas en faveur de la pratique de la chasse ou de la pêche dans la région.

    Il est préférable de s’y rendre accompagné par un professionnel connaissant les lieux.

 

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